Promouvoir la recherche en santé
Il apparaît aujourd’hui que la recherche en santé est une nécessité incontestable au Burkina. Mais dans les faits et gestes essentiels, tout se passe comme si dans notre pays il suffit d’appliquer les résultats déjà connus de la recherche dans les pays développés pour résoudre les grands problèmes de santé. La recherche en santé serait un luxe dans notre pays dont les rares ressources onéreuses pourraient être efficacement utilisées à mettre en œuvre la politique sanitaire, à combattre les grandes endémies et autres maladies à potentiel épidémique, à élargir la couverture sanitaire des populations, notamment les enfants et les femmes, etc. Erreur grossière : l’observation courante montre que la politique sanitaire existante peut nécessiter un réexamen et une révision, en raison d’un changement de circonstances et d’impératifs nouveaux. Les ressources peuvent être totalement inadéquates et une méthodologie pour procéder à leur affectation et optimisation fait défaut. Enfin, des découvertes nécessaires à l’action ne sont pas encore faites ou les modes d’application pratique des connaissances ne sont pas élaborés ou encore les groupes cibles de telle ou telle intervention ne sont pas déterminés.
Toutes ces situations, particulières à notre pays, confortent notre conviction que la recherche nationale en santé est impérieuse au Burkina comme fondement de prises de décisions intelligentes et éclairées dans chacun des domaines cités d’une part, et d’autre part pour participer à faire avancer la santé et les frontières du savoir dans le monde.
La santé est influencée tant par des facteurs biologiques, environnementaux, comportementaux que par des facteurs liés au système de soins ; la recherche en santé, par conséquent, requiert elle aussi les capacités scientifiques de nombreuses disciplines pertinentes comme l’épidémiologie, la démographie, l’économie de la santé, les sciences politiques, les sciences de la gestion, les sciences sociales et du comportement, la statistique, l’informatique et certains aspects des sciences cliniques et biologique.
La recherche en sciences de la santé ne saurait se limiter aux études entreprises uniquement par des chercheurs professionnels. Des personnes de tous horizons peuvent aussi faire avancer cette recherche, à condition d’utiliser la méthode scientifique. Des recherches valides peuvent être effectuées par des personnels des services centraux, régionaux et des districts du Ministère de la santé, les personnels des ONG œuvrant dans le secteur de la santé.
Les capacités actuelles de recherche en sciences de la santé au Burkina étant faibles, il est évident que diverses formes de coopération doivent être encouragées et développées avec des organisations internationales, (IMS, Unicef), des instituts de recherche Sud-Sud, Sud-Nord, etc. Ce qu’il faut, c’est moins de la recherche des pays industrialisés au Burkina que de la mise en commun des efforts nationaux avec des efforts similaires de ces pays dans le cadre de partenariats internationaux qui renforcent la recherche en santé dans nos pays respectifs.
Si le Plan stratégique de la recherche, adopté en 1995 par le Gouvernement et la Recherche nationale essentielle en santé (RNES), semble être la reconnaissance politique de la recherche, il reste que la traduction dans les faits de cette volonté est encore au fond du tunnel. Ensemble, chercheurs, décideurs et opérateurs économiques doivent œuvrer chacun dans son domaine de compétence pour que l’IRSS soit un outil de recherche en santé pour le développement social du Burkina.